Saturday, April 28, 2012

SOMETHING ABOUT... LE POST DU WEEKEND 11




"Pour mon 26ème anniversaire, je découvrais New York pour la première fois ! Nous partions ma meilleure amie et moi, vers cette ville mythique, que je fantasmais depuis longtemps. Cela faisait une année que nous en parlions, et j'étais vraiment excitée du jour où je foulerais pour la première fois le sol américain. 
 Mes amis, dont la plupart étaient déjà allés là-bas, ne faisaient qu'alimenter mon désir de cet endroit, que j'entretenais déjà ardemment depuis gamine !

Et lorsque nous sommes arrivés en début de soirée dans notre hôtel, j'en ai hurlé de rire, explosé de joie. Mon amie, bien qu'envieuse de vouloir se reposer le premier soir, acceptait de me suivre immédiatement dans Brooklyn, où j'avais réservé une table pour deux avant notre départ, dans un restaurant adorable. 
Après le dîner, nous partions déambuler dans les rues inconnues à la recherche d'un taxi qui nous ramènerait à notre hôtel, quand la vie s'est chargée de nous conduire vers une toute autre direction.

Au coin d'une avenue quasiment déserte, quelques accords de jazz nous parvenaient soudainement. Une curiosité de nomade sans doute, nous poussait à vouloir en chercher l'origine. À quelques mètre de là, une lumière chaude découpait le trottoir en son milieu, et le tempo se faisait plus précis. Cinq minutes plus tard, nous nous retrouvions dans un club de jazz dont la déco semblait ne pas avoir changé depuis 1930. Le bar, orné de bois massif vernis, invitait à s'asseoir et boire un verre de scotch pure malt. Les murs révélaient l'emprunte d'un passé où il ne faisait pas bon de se soûler dans une époque où la prohibition faisait rage. 
Les règles semblaient n'appartenir qu'à cette adresse, et aucun scandale n'empêchait la fumée de progresser en ces lieux peu communs.

Nous passions de longues heures ici à rire, boire et discuter avec certains habitués des lieux, qui nous en apprenaient davantage sur l'histoire de cet endroit. La musique était divine ! Je me souviens que les musiciens dégageaient un tel charisme, une telle force, qu'ils sublimaient l'âme de ce bar incroyable.
C'est aux alentours de 6h du matin que nous décidions de quitter cet écrin historique. La température matinale annonçait une journée chaude et humide. Le jour s'élevait derrière les grattes ciel, et je me sentais encore plus excitée qu'à notre arrivée, dix heures plus tôt. Nous n'avons même pas dormi en arrivant à l'hôtel. Une douche, une tenue chic et confortable, nous repartions immédiatement à l'assaut de ce bouillon new yorkais prometteur. Alors que nous savourions notre premier vrai brunch ce matin-là, relatant cette  merveilleuse découverte nocturne, nous ignorions que les jours suivants seraient encore plus fous que cette nuit."



Ecrit par W. Marcel
Photo par Mlle Hofmann

Wednesday, April 25, 2012

SOMETHING ABOUT... PORTRAITS

Recently, I've been working on a series of portraiture where I focused on emotions and personality.
Thanks to Chris, Ross and Abraham who gave me a bit of their time!

















Saturday, April 21, 2012

SOMETHING ABOUT... LE POST DU WEEKEND 10





"En 2010, je vivais l'effervescence de mon premier festival. Partisane du "tout ou rien", je ne visais pas l'initiation dans un petit festival près de chez moi, non ! Je partais pour deux semaines en Californie, où j'allais vivre 4 jours de folie, au célèbre festival Coachella.

Je partais avec deux amis, James et Amanda, fous furieux de la botte sale, de la bière tiède, de l'inconfort nocturne, et du piétinement, parfois sous une pluie battante. 
Personnellement accrochée à mes habitudes de citadine endurcie, par la force des choses, je déclinais souvent les propositions du genre; convaincue qu'il ne me faudrait pas plus de 3 heures, avant de vouloir m'échapper par tous les moyens de ce raz de marée artistique. J'aime la musique. J'aime l'art. Je ne suis pas agoraphobe. Allez comprendre.

Rassurée donc d'être prise en main par mes amis, c'est avec le sourire que je m'envolais pour la Californie, promesse de leur part à l'appui, que nous prenions un hôtel un peu éloigné: garantie d'une sortie de secours au cas où le besoin pressant d'exil se ferait sentir.
Nous sommes arrivés tard dans la soirée le premier jour, après 18 heures de voyage éreintant. Heureusement, le festival n'ouvrait ses portes que deux jours plus tard. Après s'être reposé, et avoir flâné un peu, nous nous sommes préparés pour notre épopée, style vestimentaire, et appareil photo de rigueur. 

Aux alentours de 17h, l'ambiance était déjà bien balancée. J'étais enchanté par l'installation, les différentes ambiances, les scènes énormes, l'organisation, l'énergie folle, le style des gens ! Le style des gens est incroyable ! Je prenais tellement de photos, je ne savais pas où regarder, par peur de louper un truc !
À l'aube du troisième jour, pourtant, je commençais à ne plus sentir mes pieds, ma nuque, mes jambes, mon estomac; en bref, je ne sentais plus mon corps. J'arrivais plus tard sur le site ce jour-là, et je constatais que l'ambiance ne faiblissait pas. Je finissais par me demander si, entre deux shows, les gens ne se retrouvaient pas dans une immense tente pour se regonfler à coup de fruits, boissons énergisantes, yoga, et autres drogues plus substantielles. À présent je ne décollais plus mes lunettes de mon nez, lequel se bousculait la place entre mes cernes, qui bientôt feraient couler mes yeux dans quelques orbites abyssales. Le soir, j'avais même froid ! Je crois que je devais être la seule à 1h du matin, avec une veste d'hiver, à boire mon litron de thé, pendant que mes amis riaient de moi en faisant des allers retours au bar. 

Finalement, je trouvais un bar plus calme, aménagé près d'une piscine, où la fête battait son plein quelques heures plus tôt, vidé de ses filles en bikini et de ses mecs bronzés. 
Le bruit de la foule en délire n'était ici qu'un fond sonore plaisant, où je me laissais aller à mes rêveries. 
Au bout du comptoir, j'apercevais une fille, seule comme moi, absorbée par la lecture d'un roman de poche. Nos regards se croisaient un instant, le temps de rire, en me montrant son mug de thé. Et replongeant dans mes pensées, je me suis sentie moins coupable de ne pas réussir à m'amuser non stop, sous la pression des basses, du beat, de l'enjeu festif et de l'alcool. 

Lorsque nous nous remémorons, mes amis et moi, cette virée californienne, c'est avec une certaine malice que je farfouille au fond de moi pour retrouver les souvenirs de MON festival à moi. Celui que je vivais plus en retrait, un peu dans ma bulle parfois, dont je garde un merveilleux souvenir, parce que, comme cette fille ce soir-là, j'avais trouvé ma place. Si différente soit-elle."



Ecrit par W. Marcel
Photo par Mlle Hofmann

Sunday, April 15, 2012

SOMETHING ABOUT... LE POST DU WEEKEND 9



"J'étais envoyé il y a trois ans en Russie pour mon travail. Je suis nez dans une compagnie internationale de parfumerie. Mon poste est relativement important. C'est pourquoi, lorsqu'il fallut envoyer quelqu'un pour gérer la restructuration de notre bureau à Saint Petersbourg, j'étais choisi. J'y passais un peu plus de neuf mois, durant lesquels m'était accordé l'équivalent d'une semaine de repos par mois. Grâce à quoi, je rentrais voir mes enfants et ma femme.
Là-bas, je passais beaucoup de temps à travailler. Parfois jusque tard dans la nuit. Parfois je dormais sur place. Je me sentais souvent très seul.
Un soir, cela faisait environ 6 semaines que j'étais là, j'ai décidé de sortir boire un verre. Cette année-là, la Russie enregistrait un record de chaleur, ce qui me permettait d'emprunter la grande rue à vélo, dans l'espoir de trouver sur ma route, un endroit capable d'étancher ma soif, régaler mes désirs de gastronome, et peut-être, rivaliser enfin avec ma solitude. Je finissais par trouver le lieu idéal qui parviendrait à combler les trois cases vides de ces interrogations nocturnes. Ici j'allais passer une grande partie de la soirée, et y faire une rencontre qui changerait le rythme de ma vie pour les mois à venir. Elle s'appelait Eléa, mais disait que cela se prononçait Elréa. Elle était très belle, très silencieuse, douce et drôle ! J'entends encore son rire quand je pense à elle...

Elle n'était, aux yeux des autres, rien d'autre qu'une prostituée d'Europe de l'est. Quand j'y repense, je me souviens qu'elle me disait se percevoir comme une geisha, aux traits, certes, caucasiens.
Je la ramenais chez moi, et nous passions la nuit entière, jusqu'au matin, à discuter, à l'issue de laquelle, je lui proposais de lui faire le petit déjeuner.
Nous avons répété ainsi la scène plusieurs fois, avant que je lui propose, à l'image de la geisha d'antan, dont les hommes achetait sa virginité, de lui offrir une somme de son choix afin qu'elle ne soit qu'avec moi; rien que MOI.

Alors nous avons continué à nous voir quotidiennement, jusqu'à mon départ de Russie. Nous nous comportions comme un couple. Nous étions heureux, libres et fous ! Lorsque j'ai appris la date de mon retour, je n'ai rien dit. Terrifié de gâcher le moindre instant. Tout comme elle, je savais que nous ne nous reverrions jamais.
La veille, nous avons pris une photo de nous, qu'elle garderait. Puis une photo respective, que nous garderions pour toujours. Elle n'a pas voulu y dévoiler entièrement son visage. Elle disait qu'ainsi, je garderai un souvenir lié à ce que je ressens. Elle disait que c'était la plus juste des manières de protéger ses souvenirs.
Ca fait bientôt quatre ans. Je ne l'ai jamais revue. C'est pour le mieux. Ainsi, je sais que rien ne peut s'effriter, s'abîmer.
Et lorsque je souhaite retourner dans ses bras, relire ses sourires, ou sentir l'odeur de son rouge à lèvres, je sors de mon vieux coffre en bois, l'unique clé pour y accéder: cette photo d'une inconnue sans visage que je ne cesserai d'aimer."



Ecrit par W. Marcel
Photo par Mlle Hofmann

Monday, April 09, 2012

SOMETHING ABOUT... LE POST DU WEEKEND 8



"Oh ! Mais où avez-vous trouvé cette photo ? Elle me rappelle tant de souvenirs...


C'était au milieu des années 80, en 1986 je crois, je venais d'avoir 20 ans. À cette époque, je vivais encore dans la vieille ville d'Édimbourg.


Je partirai pour la France quelques années plus tard, y suivre mon mari pour son travail.

J'entamais ma seconde année d'étude en littérature à l'université. Ma passion principale était la danse classique, que j'exerçais régulièrement dans une troupe à l'opéra. Mes parents, issus d'une classe moyenne, s'étaient privés toute leur vie pour nous offrir, à mes frères et moi, la chance de vivre nos rêves.


C'est pour gagner un peu d'argent, que je travaillais comme placeuse dans un cinéma, tenu par une famille irlandaise.


Là-bas, j'y rencontrais celui qui allait devenir mon meilleur ami, mon quatrième frère, et le parrain de mes enfants.

Lui, gagnait sa vie comme photographe en plus de son emploi de projectionniste. Et cette photo est tirée d'une longue série de portraits qu'il avait réussie à exposer au musée d'art moderne; une exposition qui fut le coup d'envoi de sa brillante carrière. Ces moments sont des souvenirs merveilleux, et je prends d'autant plus de plaisir à me les remémorer qu'ils symbolisent une des plus belles périodes de nos vies respectives. Merci beaucoup."




Ecrit par W. Marcel
Photo par Mlle Hofmann

Sunday, April 01, 2012

SOMETHING ABOUT... LE POST DU WEEKEND 7



"C'est dans les plaines solitaires qu'Anna se plaisait quotidiennement à flâner.

Ici, la pudeur n'existait plus, l'angoisse et le souci s'éloignaient.

Chaque jour, lorsque 17h raisonnait dans l'échos de la vieille horloge, elle se précipitait hors de la bibliothèque, pour attraper le bus 392. Environ 30 minutes de rêveries, le nez collé à la fenêtre, dessinant des silhouettes dans la buée, la séparaient de son exutoire.

Au terminus, elle descendait avec les derniers passagers, saluait le chauffeur, et coupait à travers champ jusqu'à la falaise.

Elle aimait déjà la sensation des herbes hautes qui piquaient légèrement ses jambes. Elle adorait le bruit du vent pressé, qui se faufile dans les vallons, discret mais vif, comme on garde un secret qui tient à coeur.

Elle se libérait de son chignon trop strict, pour laisser échapper sa longue chevelure dorée.

Souvent, lorsqu'elle était sur le point d'arriver au bord, elle accélérait son pas jusqu'à courir. Elle sentait ses poumons s'ouvrir, son sourire s'élancer, et une excitation l'envahir; comme une pointe d'adrénaline précédant un grand saut.

Chaque fois, elle s'arrêtait à la limite de basculer dans le vide.

Et lorsqu'enfin elle était là, puissante et libre, face à cette immensité marine, immobile, les yeux grand ouvert, elle avait le sentiment que la plaine nue derrière elle pourrait la précipiter en avant à chaque seconde.

Elle aimait ce juste équilibre entre la fragilité et la force qu'elle ressentait toujours à ce moment précis.

Ici, elle appréciait le temps comme il se mérite, sans attente particulière, d'autant plus savoureux.

Peut-être une heure seulement la tenait encore à l'écart de son autre vie. Peu lui importait de quoi étaient faites les heures précédentes, les heures suivantes.

C'est cette heure-là qui faisait sa journée. Et son bonheur jour après jour."


Ecrit par W. Marcel

Photo de Mlle Hofmann