Saturday, April 21, 2012

SOMETHING ABOUT... LE POST DU WEEKEND 10





"En 2010, je vivais l'effervescence de mon premier festival. Partisane du "tout ou rien", je ne visais pas l'initiation dans un petit festival près de chez moi, non ! Je partais pour deux semaines en Californie, où j'allais vivre 4 jours de folie, au célèbre festival Coachella.

Je partais avec deux amis, James et Amanda, fous furieux de la botte sale, de la bière tiède, de l'inconfort nocturne, et du piétinement, parfois sous une pluie battante. 
Personnellement accrochée à mes habitudes de citadine endurcie, par la force des choses, je déclinais souvent les propositions du genre; convaincue qu'il ne me faudrait pas plus de 3 heures, avant de vouloir m'échapper par tous les moyens de ce raz de marée artistique. J'aime la musique. J'aime l'art. Je ne suis pas agoraphobe. Allez comprendre.

Rassurée donc d'être prise en main par mes amis, c'est avec le sourire que je m'envolais pour la Californie, promesse de leur part à l'appui, que nous prenions un hôtel un peu éloigné: garantie d'une sortie de secours au cas où le besoin pressant d'exil se ferait sentir.
Nous sommes arrivés tard dans la soirée le premier jour, après 18 heures de voyage éreintant. Heureusement, le festival n'ouvrait ses portes que deux jours plus tard. Après s'être reposé, et avoir flâné un peu, nous nous sommes préparés pour notre épopée, style vestimentaire, et appareil photo de rigueur. 

Aux alentours de 17h, l'ambiance était déjà bien balancée. J'étais enchanté par l'installation, les différentes ambiances, les scènes énormes, l'organisation, l'énergie folle, le style des gens ! Le style des gens est incroyable ! Je prenais tellement de photos, je ne savais pas où regarder, par peur de louper un truc !
À l'aube du troisième jour, pourtant, je commençais à ne plus sentir mes pieds, ma nuque, mes jambes, mon estomac; en bref, je ne sentais plus mon corps. J'arrivais plus tard sur le site ce jour-là, et je constatais que l'ambiance ne faiblissait pas. Je finissais par me demander si, entre deux shows, les gens ne se retrouvaient pas dans une immense tente pour se regonfler à coup de fruits, boissons énergisantes, yoga, et autres drogues plus substantielles. À présent je ne décollais plus mes lunettes de mon nez, lequel se bousculait la place entre mes cernes, qui bientôt feraient couler mes yeux dans quelques orbites abyssales. Le soir, j'avais même froid ! Je crois que je devais être la seule à 1h du matin, avec une veste d'hiver, à boire mon litron de thé, pendant que mes amis riaient de moi en faisant des allers retours au bar. 

Finalement, je trouvais un bar plus calme, aménagé près d'une piscine, où la fête battait son plein quelques heures plus tôt, vidé de ses filles en bikini et de ses mecs bronzés. 
Le bruit de la foule en délire n'était ici qu'un fond sonore plaisant, où je me laissais aller à mes rêveries. 
Au bout du comptoir, j'apercevais une fille, seule comme moi, absorbée par la lecture d'un roman de poche. Nos regards se croisaient un instant, le temps de rire, en me montrant son mug de thé. Et replongeant dans mes pensées, je me suis sentie moins coupable de ne pas réussir à m'amuser non stop, sous la pression des basses, du beat, de l'enjeu festif et de l'alcool. 

Lorsque nous nous remémorons, mes amis et moi, cette virée californienne, c'est avec une certaine malice que je farfouille au fond de moi pour retrouver les souvenirs de MON festival à moi. Celui que je vivais plus en retrait, un peu dans ma bulle parfois, dont je garde un merveilleux souvenir, parce que, comme cette fille ce soir-là, j'avais trouvé ma place. Si différente soit-elle."



Ecrit par W. Marcel
Photo par Mlle Hofmann

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