"J'ai beaucoup de chance, même si
certains (trop) s'attristent de la situation dans laquelle je suis
depuis maintenant 3 ans. Avant mon départ, j'entendais chacun aller de
son conseil, soi-disant averti. "Tu n'as pas peur de n'en profiter qu'à
moitié ?" Pourquoi persistes-tu à vouloir te mettre dans l'embarras, et
te faire du mal ?" Pire ! J'ai même eu droit à "Ce n'est pas correct de
mettre mal à l'aise les autres, tu vas être gênante pour eux. Il ne faut
pas tenter d'attirer la pitié, c'est moche."
Moi, j'ai préféré ne rien noter. Ni les bonnes intentions. Ni les mauvaises.
Heureusement, je suis partie avec un groupe d'amis réellement formidables.
Ce n'était pas la première fois que je vivais cette magie, mais là, c'était différent.
J'y portais un certain regard, du haut de mes deux roues.
Au troisième jour, j'ai vu une surprise
se glisser sous ma porte. En fait deux, pour être tout-à-fait exacte.
Sans compter la troisième, qui arriverait plus tard dans la soirée.
Dans une enveloppe, une place pour
assister à la première d'un film. Alors que je réalisais que j'allais
monter les marches pour la première fois de ma vie, on sonna à la porte
de ma chambre d'hôtel. Je donnais l'ordre. Mes amis entrèrent avec un
grand paquet orné d'un nœud rouge satiné. De ceux que l'on aperçoit
dans les films américains. J'en pleurais.
À 19h, j'étais flashée de toute part.
Assister à la projection d'un film qui met en vedette une femme victime
d'un lourd handicap, a provoqué un doute sur l'objet de ma présence.
Présomptueux de faire passer cela pour un hasard.
La séance se terminait à la bonne
heure. Nous étions invités à dîner, mon ami journaliste, grâce à qui je
vivais tout ça, et moi, dans le même restaurant où l'équipe du film se
rendait.
J'ai pu la féliciter pour sa
performance d'actrice. Elle a serré mes mains en me félicitant de mon
courage. Que le film l'avait déjà mise dans un tel état psychologique
qu'elle ne pouvait qu'admirer ma force.
Nous sommes rentrés très tard. Après un
long détour au bord de la mer, nous avons observé les premiers rayons
s'étirer à l'horizon.
Pardonnez-moi d'avoir pris le temps d'écrire, mais il me fallait trouver les mots pour vous dire.
Que j'ai vécu mon plus beau Festival de Cannes cette année."
Ecrit par Wendy Marcel
Photo par Mlle Hofmann
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