"En
2010, je vivais l'effervescence de mon premier festival. Partisane du
"tout ou rien", je ne visais pas l'initiation dans un petit festival près
de chez moi, non ! Je partais pour deux semaines en Californie, où
j'allais vivre 4 jours de folie, au célèbre festival Coachella.
Je
partais avec deux amis, James et Amanda, fous furieux de la botte sale,
de la bière tiède, de l'inconfort nocturne, et du piétinement, parfois
sous une pluie battante.
Personnellement
accrochée à mes habitudes de citadine endurcie, par la force des
choses, je déclinais souvent les propositions du genre; convaincue qu'il
ne me faudrait pas plus de 3 heures, avant de vouloir m'échapper par
tous les moyens de ce raz de marée artistique. J'aime la musique. J'aime
l'art. Je ne suis pas agoraphobe. Allez comprendre.
Rassurée
donc d'être prise en main par mes amis, c'est avec le sourire que je
m'envolais pour la Californie, promesse de leur part à l'appui, que nous
prenions un hôtel un peu éloigné: garantie d'une sortie de secours au
cas où le besoin pressant d'exil se ferait sentir.
Nous
sommes arrivés tard dans la soirée le premier jour, après 18 heures de
voyage éreintant. Heureusement, le festival n'ouvrait ses portes que
deux jours plus tard. Après s'être reposé, et avoir flâné un peu, nous
nous sommes préparés pour notre épopée, style vestimentaire, et appareil
photo de rigueur.
Aux
alentours de 17h, l'ambiance était déjà bien balancée. J'étais enchanté
par l'installation, les différentes ambiances, les scènes énormes,
l'organisation, l'énergie folle, le style des gens ! Le style des gens
est incroyable ! Je prenais tellement de photos, je ne savais pas où
regarder, par peur de louper un truc !
À
l'aube du troisième jour, pourtant, je commençais à ne plus sentir mes
pieds, ma nuque, mes jambes, mon estomac; en bref, je ne sentais plus
mon corps. J'arrivais plus tard sur le site ce jour-là, et je constatais
que l'ambiance ne faiblissait pas. Je finissais par me demander si,
entre deux shows, les gens ne se retrouvaient pas dans une immense tente
pour se regonfler à coup de fruits, boissons énergisantes, yoga, et
autres drogues plus substantielles. À présent je ne décollais plus mes
lunettes de mon nez, lequel se bousculait la place entre mes cernes, qui
bientôt feraient couler mes yeux dans quelques orbites abyssales. Le
soir, j'avais même froid ! Je crois que je devais être la seule à 1h du
matin, avec une veste d'hiver, à boire mon litron de thé, pendant que
mes amis riaient de moi en faisant des allers retours au bar.
Finalement,
je trouvais un bar plus calme, aménagé près d'une piscine, où la fête
battait son plein quelques heures plus tôt, vidé de ses filles en bikini
et de ses mecs bronzés.
Le bruit de la foule en délire n'était ici qu'un fond sonore plaisant, où je me laissais aller à mes rêveries.
Au
bout du comptoir, j'apercevais une fille, seule comme moi, absorbée par
la lecture d'un roman de poche. Nos regards se croisaient un instant, le
temps de rire, en me montrant son mug de thé. Et replongeant dans mes
pensées, je me suis sentie moins coupable de ne pas réussir à m'amuser
non stop, sous la pression des basses, du beat, de l'enjeu festif et de
l'alcool.
Lorsque
nous nous remémorons, mes amis et moi, cette virée californienne, c'est
avec une certaine malice que je farfouille au fond de moi pour
retrouver les souvenirs de MON festival à moi. Celui que je vivais plus
en retrait, un peu dans ma bulle parfois, dont je garde un merveilleux
souvenir, parce que, comme cette fille ce soir-là, j'avais trouvé ma
place. Si différente soit-elle."
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