L'été est passé si vite, qu'au moment de jeter la dernière page du mois
d'août, je ressentais un frisson rafraîchir mon âme. C'est donc ça
qu'entendaient mes grands-parents par "tu verras comme la vie passe
vite. Un matin tu as 20 ans, le lendemain c'est déjà la retraite ! C'est
encore pire quand tu vieillis !", qu'ils disaient...
Ce matin en sortant du café, mon mug dans une main et mon sourire dans
l'autre, je regardais les gens autour de moi s'empresser. Les odeurs
étaient différentes, et l'atmosphère s'était brusquement échappée pour
laisser place à cette forme d'urgence routinière qui pousse chacun de
nous vers la rentrée. C'est comme si de fines particules
tourbillonnaient sans savoir vraiment quelle forme prendre, là, dans
cette transition saisonnière désordonnée. Moi-même un peu bancale, j'ai
repris le chemin de mes habitudes, laissant derrière moi ma serviette,
mon essence fruitée, mon teint hâlé et mon souffle d'été. J'ai regardé
les enfants boudeurs devant les écoles, satisfaits tout de même d'avoir
de nouveaux stylos et cahiers. Le vent s'est engouffré dans la ruelle
que je traversais, soulevant l'odeur du cuir neuf de mon cartable à
moi.
Le temps passe vite, c'est vrai,
pourtant je suis rassurée de savoir que les choses se renouvellent année
après année, saison après saison, restant quelque part toujours les
mêmes, comme de vieilles balises érodées par l'authenticité de la vie
qui s'enfuit.